Les événements lors de la Libération

 

A) Débâcle des troupes allemandes

 

Les débarquements de Normandie et de Provence sont suivis d'une panique totale des troupes allemandes. Le repli du Sud de la France se fit dans l'urgence.

Des SS d'Espagne et d'Italie passaient par Castelnaudary le plus rapidement possible pour éviter d'être pris dans les tenailles des Alliés.

M. Moura ajoutait « on trouvait des uniformes allemands dans le petit bassin, car ils s'en dépossédaient pour ne pas être reconnus ».

Ils furent suivis très rapidement par les SS de la ville dès le 17 août. Toutefois, ils pratiquaient la politique de la « terre brûlée », en brûlant les champs sur leur passage, ou en sabotant les lignes téléphoniques et des chars n'ayant plus d'essence dans la ville.

 

« C'était une véritable débandade. Les soldats en fuite se débarrassaient dans les fossés de tout ce qui pouvait les gêner, y compris leurs armes »

La dépêche


                                         

Un char allemand saboté sur l'Avenue Riquet

Archives de Michel Dauzat

 

Du 18 au 22 août, des troupes allemandes de la région de Toulouse traversaient les rues de la villes en rangées plus ou moins bien organisées. On pouvait lire sur leur visage une forme de dépit et de l'angoisse d'après ce que racontaient les habitants de Castelnaudary.

D'autres soldats fuyaient à pied, forçant à certains moments des villageois, surtout dans les fermes, à leur donner de la nourriture mais aussi des moyens de locomotion.

D'après des statistiques publiées après la Libération, 15 automobiles, 3 motos, 108 vélos et des animaux auraient étaient volés aux alentours de Castelnaudary.

Comme l'annonçait M. Moura « Le désordre était indescriptible, ils circulaient dans un sens, dans l'autre, à pied, d'autres à bicyclette ... »

 

                             

Retraite des Allemands à bicyclette
Archives Henri Moura


 

Néanmoins, les Allemands n'étaient pas les seuls à se retirer du territoire. Effectivement, ils étaient accompagnés par des miliciens et leur famille.

Par conséquent, un train comportant des miliciens venant de Toulouse a été stoppé à la gare de Castelnaudary car les voies étaient endommagées. Ils repartirent quelques heures plus tard avant d'être arrêtés définitivement à Montpellier où seize miliciens perdront la vie.

 

Cependant, cette retraite provoqua tout de même la mort de deux Français et un Italien séjournant à Villefranche de Lauragais.

En effet, comme les routes et la gare étaient constamment bombardées et mitraillées par l'aviation et les parachutistes alliés, les Allemands évitaient d'emprunter la nationale N113 mais optaient plutôt pour des routes départementales, relativement moins surveillées par les avions.

Ce fut le cas le 22 août où 600 allemands empruntèrent la D126 pour éviter les bombardements. Ainsi le docteur Mazet perdit la vie en essayant de retarder leur avancée.

De même, près de Pexiora Louis Greffier et Lino Gaigher trouvèrent la mort en voulant emprisonner une vingtaine d'Allemands à bout de force.

M. Moura assistait à la scène qui précédait la mort des deux jeunes hommes, il racontait : « Il y avait deux camions à la mairie avec le drapeau tricolore sur le capot, et un gars est monté sur le camion en disant qu'une troupe Allemande était arrêtée, n'en pouvait plus, vers Pexiora et qu'il ne manquait plus que les cueillir. Mon père m'a dit de rester travailler avec lui. » En effet, cela s'est avéré être un piège.

 

De plus, deux explosions ont marqué la fuite des allemands à la fin du mois d'août.


 

B) Explosion sur le domaine des Cheminières

 

Pendant la journée du 19 août, des personnes sont passées dans la ville pour dire qu'il fallait fuir parce que le dépôt des Cheminières allait exploser. En effet, un dépôt de munitions assez conséquent y était entreposé. Siège du commandement des forces allemandes dans Castelnaudary et sa région, 500 tonnes de munitions y étaient stockées.

Seulement, ce dépôt se trouvait à approximativement 3km du centre ville, et cette nouvelle a effrayé les Chauriens.

C'est pourquoi la plupart d'entre eux ont fui la ville pendant la nuit pour éviter une catastrophe.

Effectivement, les explosions ont bien eu lieu durant la nuit, formant une illumination semblable à un feu d'artifice d'après les habitants.

En fait, le commandant allemand avait décidé de faire sauter les munitions petit à petit.

M. Moura a ajouté «  S'ils avaient fait sauter le dépôt tout à la fois, de Castelnaudary il n'en aurait pas resté une pierre. Or ils ont fait sauter tranchée par tranchée, élément par élément, ce qui a quand même protégé la ville ».

Les Chauriens ont pu retrouver leur domicile dès l'aube sans que celui-ci ne soit sérieusement touché. En effet, quelques vitres brisées et débris de l'explosion dans les rues prouvaient la violence des impacts la nuit précédente. Par contre le domaine fut partiellement brûlé.

De plus, le Castelet de Puginier, qui entreposait aussi des munitions subit le même sort. Cette explosion, dans ce petit village avoisinant Castelnaudary, n'allait cependant pas être la dernière avant le repli des troupes allemandes.

 

                         

Ruines du Castelet de Puginier
Archives Michel Dauzat

 

C) L'explosion de la gare

 

Suite aux explosions des entrepôts de munitions, le dernier bâtiment ayant fait l'objet de destruction par les Allemands fut la gare.

M. Moura racontait « Je partais à la Poste pour travailler, il était 7h du matin, lorsque une énorme explosion a retenti, c'était la gare qui sautait »

Effectivement, avant de partir, ils avaient bourré des camions d'explosifs, qui stationnaient à proximité de la gare. Non seulement celle-ci fut particulièrement endommagée, mais en plus, les bâtiments se situant à côté de la gare ont subi de la même manière les dégâts collatéraux.


Après l'explosion, de nombreux Chauriens descendirent à la gare pour piller les wagons de ravitaillement des troupes de l'occupation qui étaient restés bloqués sur le quai.

Les habitants profitaient du départ des Allemands pour récupérer des produits devenus rares à cette période comme des denrées alimentaires (du beurre ou du pain par exemple) mais aussi des habits, chaussures ou même des bouteilles d'alcool.

Toutefois, les policiers tentaient tant bien que mal de limiter les attroupements.

Le 22 août, il ne reste plus un Allemand, ni à Castelnaudary, ni dans les alentours. La guerre semblait maintenant derrière leur dos et les sourires se dessinaient petit à petit sur les visages.

Ci-dessous, quatre clichés des ruines de la gare suite à l'explosion :


            
Archives Henri Moura

           
Archives Henri Moura

           
Castelnaudary de 1870 à 1945 de Paul Tirand


           
Archives Départementales de l'Aude



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