La vie quotidienne pendant la guerre
 

L'état de guerre implique de nouvelles contraintes. Les habitudes changent et ces évolutions ont une influence certaine sur la population.



A) Castelnaudary et le Midi : de nouvelles enclaves du III° Reich ?

 

Dès le début de l'occupation, les troupes allemandes s’installent dans la commune et les alentours, notamment au Château des Cheminières (à moins de 5 kilomètres de la commune) qui deviendra l'un des plus grands stocks de munitions allemands du sud de la France. Le Languedoc Roussillon est un enjeu stratégique et militaire fondamental pour le III° Reich. En effet, cette région permet aux troupes allemandes de constituer un front de secours pour prévenir d'éventuels débarquements. Enfin, le Midi représente une zone de transition et un centre de repos entre les Allemands partis pour le front de l'Est (en Russie), et ceux partis pour l'Afrique (Afrika Korps). Ainsi, entre novembre 1942 et août 1944, les troupes allemandes vont être de plus en plus présentes. Elles vont notamment se doter d'équipements innovants et efficaces.
 
Dans un second temps, certains hommes vont partir de Castelnaudary et du Midi en général en Allemagne afin de servir le III° Reich. Ils sont réquisitionnés sur le front, mais surtout dans des travaux de reconstruction dans le nouveau territoire allemand. Ce système d'emploi fut en partie supervisé par Pierre Laval, que l'on surnomma alors « le négrier d'Europe ». Sa mise en place fit l'objet d'une propagande fournie afin d'inciter les Chauriens à partir pour l'Allemagne. Ceci n'ayant eu que peu d'effet, ce fut finalement une loi qui obligea les hommes à se faire recenser et à aller effectuer le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne.
 
Finalement, Castelnaudary et plus généralement le Midi, durent subir cette occupation durant deux longues années. De nombreuses contraintes ont alors été infligées à la population, comme l'interdiction, par exemple, d'éclairer les rues durant la nuit, ou de laisser transparaître de la lumière. Le commandant local fit notamment savoir en juillet que dans le cas où les troupes allemandes constateraient une infraction, elles « tireraient sur les fenêtres après sommation faite soit par sifflet, soit par le cri « licht auss » ». L'occupation atteignit son apogée dans l'année 1944, suite au débarquement de Normandie. En effet, de peur d'un débarquement en Province, les troupes allemandes renforcèrent leurs effectifs dans la zone. 
 
Cette occupation eut bien entendu pour conséquence les prémices de mouvements résistants. C'est ce que nous développerons par la suite.

 

B) Le quotidien des Chauriens entre 1940 et 1944

 

On peut facilement s'en douter durant ces années, l'une des préoccupations principales des habitants fut la peur d'une pénurie. Ils tentèrent donc d'y remédier via le marché noir. En effet, comme nous l'avons déjà évoqué précédemment, les prix furent taxés dès 1940. En outre, l'administration mit en place des systèmes de rationnement (tickets ou système de points) afin d'assurer le bon fonctionnement de la distribution des vivres.

         

Ticket de rationnement pour le pain
Castelnaudary de 1870 à 1945 de Paul Tirand


Cependant, il y eut de nombreuses failles à ce système : des abus, bien évidemment, mais surtout des manques qui ont entraîné une sous-alimentation des Chauriens, dont les premières victimes étaient les enfants. Les Chauriens eurent donc rapidement recours aux astuces de leurs aïeux afin d'assurer une alimentation suffisante. Par exemple, on se remit à utiliser le millas au lieu de la farine de blé, la saccharine au lieu du sucre...

Nombre de Chauriens recommencèrent à réaliser des élevages ou des potagers pour leur propre consommation. Castelnaudary et ses alentours se transformèrent ainsi en une multitude de jardins, de potagers, ou encore d'élevages dont les produits étaient vendus au marché noir ou utilisés pour la consommation personnelle afin de ne pas dépendre des moyens de rationnement. Un arrêté du 18 juin 1941, interdit toute vente de ce type. Les milices françaises tentèrent de limiter et de punir les trafiquants, par le biais de nombreuses fouilles organisées à l'improviste dans les autocars en provenance ou en direction de la commune.

Tout cela a engendré l'émergence d'un nouveau moyen de trafic : le troc. Par exemple, au lieu de vendre 1 kilogramme de pommes de terre à 5 F, on l'échangeait contre 2 kilogrammes de céréales ; du beurre contre des chaussures... Cela était par ailleurs plus facilement réalisable, puisque les colis envoyés étaient dits « familiaux » (donc légaux), alors qu'en réalité ils provenaient de n'importe quel destinataire.

 

                               

Deux Chauriens cultivant leur jardin en 1940
L'indépendant (26 janvier 2014)

 

Avec l'arrivée croissante de réfugiés du Nord, il y eut rapidement des problèmes de logement à Castelnaudary. Le problème fut d'autant plus important qu'il n'était pas du tout envisagé de construire de nouveaux logements dans la commune ou dans les environs. La municipalité mit alors à leur disposition des logements qui avaient été évacués, soit par la mort soit par le départ de ses habitants.
 

Enfin, au-delà de ces problèmes matériels rencontrés par la population, elle fut victime d'une propagande impressionnante. Tout d'abord, le désir par la municipalité et le gouvernement de contrôler les jeunes qui formeraient l'avenir du pays entraîna l'interdiction de toute sorte de loisirs pour les jeunes en dessous de quatorze ans (sans accompagnement de leur parents). Ils pouvaient uniquement faire partie des « Compagnons de France », une section patriotique qui avait pour rôle de promouvoir les idéaux de la Révolution Nationale de Pétain aux jeunes.
 

Les parents ne furent pas non plus épargnés par de telles propagandes. L'un de leurs seuls loisirs étant le cinéma, il fut très utilisé pour faire véhiculer la gloire du Régime de Vichy et du « héros patriotique », le Maréchal Pétain. Cette propagande prit également diverses autres formes, telles que des expositions à l'effigie du régime, ou des cérémonies organisées par la municipalité.
 

Cependant, jusqu'en 1943, la population chaurienne assez attentiste se mit finalement à changer d'opinion, suite notamment à de nombreuses mesures jugées excessives par l'opinion publique, telles que le STO. Ainsi dès 1943, la population était plus disposée à appuyer l'action des Résistants : elle devint gaulliste.

 




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