La situation politique de Castelnaudary pendant la guerre

Castelnaudary, est une ville de l'Ouest Audois. Elle se rattache au Lauragais. Durant la Seconde Guerre Mondiale, se situant dans le Languedoc Roussillon, elle se situe en zone libre et n'est pas touchée par les grandes batailles aériennes, ni même terrestres qui affectent la France à cette époque. Mais Castelnaudary est tout de même victime de l'occupant allemand et du régime de Vichy.

 

A) Jean Mistler, responsable de la position de la ville jusqu'en 1941

 

En 1939, Jean Mistler est député-maire de la commune. Il va ainsi être en partie responsable de la situation de Castelnaudary.
 

Jean Mistler, diplômé de l'Ecole Normale Supérieure, s'engage à la fois dans la politique et dans l'écriture. Député radical gauche depuis 1928, et également ancien ministre, il n'a pas de mal à s'imposer à Castelnaudary et dans ses environs. Il se fit donc connaître grâce à sa personnalité simple et ses nombreuses réunions publiques qui furent très appréciées dans le Lauragais. Dès 1935, il est élu à la mairie de Castelnaudary avec plus de 52 % des voix. Il restera maire et donc responsable de la commune jusqu'en 1942.

Conseil Municipal de Castelnaudary devant le Monument aux Morts le 11 novemble 1941
Au centre Jean Mistler, à l'extrême droite, le chef de la milice locale
Archives de Michel Dauzat et Didier Granier

Ainsi, dès 1938, alors que les prémices de la guerre sont déjà amorcées, Jean Mistler fait comprendre qu'il est favorable à une France forte, avec un état autoritaire, qui envisagerait une situation de « paix » avec l'Allemagne nazie, en entretenant des liens diplomatiques. On comprend ainsi sa position de rallier volontiers le régime collaborateur de Pétain en 1940. En effet, le 3 septembre alors que la France vient de déclarer la guerre à l'Allemagne nazie il fait savoir que :
 

«  La formule guerre à Hitler est une erreur à tous égards »

 

                                                      

Photographie de Jean Mistler (BNF, Gallica)

 

B) La réaction de la population Chaurienne

 

Après avoir présenté la situation de la commune et de ses environs d'un point de vue politique dès 1939, intéressons-nous à la réaction de la population en 1940 : quelles furent les conséquences directes et concrètes d'une telle position à la fois de la France et de la commune pour ses habitants ?

Tout d'abord, il faut savoir que malgré quelques divergences politiques, Jean Mistler est très apprécié au sein de la commune, puisqu'il a été réélu aux élections cantonales de 1937 dès le premier tour avec 72 % des suffrages.

Le 3 septembre 1939, la population chaurienne apprend la nouvelle de l'état de guerre par le biais d'affiches disposées dans différents endroits de la ville. Les positions des habitants furent mitigées : si certains voyaient en cet événement une occasion de se venger de l'Allemagne, d'autres étaient très sceptiques à l'idée de réitérer un conflit contre cet ancien ennemi de guerre.
 

D'autre part, cette guerre engendra également de lourdes conséquences économiques pour la population de Castelnaudary. En effet, on a pu constater que lors de la seule année 1939, l'indice des prix augmenta de 15,4 %. Parmi les exemples les plus notables, on peut citer le prix du kilogramme de pain qui passa de 2,25 Francs à 3 Francs, celui d'une pièce de volaille qui passa de 17,50 F à 40 F... Cette inflation provoqua la peur et l'angoisse des habitants. En parallèle était observable une augmentation des files d'attente devant les magasins, tant en nombre qu'en durée. Cette augmentation fut causée par une difficulté des ravitaillements due notamment à la crise des combustibles. A l'échelle nationale, c'est également ce que connut la France. Cela eut pour double conséquence la prise de nombreuses mesures liées aux commerces (telles que l'interdiction de la vente de chocolat, la fermeture au moins trois jours par semaine des boucheries...) et d'un point de vue moral, le sentiment croissant de pessimisme et de défaitisme à l'égard de la Nation.

 

C) Castelnaudary de mai 1940 à novembre 1942 : « Travail, Famille, Patrie »

 

A partir du 10 mai 1940, Hitler lance une forte offensive face à la France. La commune de Castelnaudary voit alors une vague importante de réfugiés, auxquels elle tente d'apporter une aide grâce à la générosité de certains habitants qui n'hésitent pas à faire des dons. Le 22 juin de la même année, la France se résigne à signer l'armistice. Le Sud de la France est donc sous la direction du Maréchal Pétain. Pour la commune de Castelnaudary, c'est à nouveau Jean Mistler, partisan de Vichy, qui va gérer la commune.

Durant les deux années qui vont suivre et jusqu'en 1942, Jean Mistler va s'efforcer de faire adhérer la population au patriotisme prôné par le Maréchal Pétain, en appliquant bien entendu la Révolution Nationale. Par exemple, l'une des premières mesures qu'il effectue est le renouvellement de la nomenclature de nombreuses rues dédiées jusqu'à présent à la gloire de la III° République, en des noms plus patriotiques : la place Gambetta devient la place Verdun, la rue Barbès devient la rue Maréchal Foch...

De plus, de nombreux discours ou cérémonies sont organisés par Jean Mistler et ses alliés, et étaient dédiés à la gloire de la Nation, via bien entendu la gloire du régime pétainiste. Cette politique de « gloire » au Maréchal Pétain atteint son paroxysme le 13 juin 1942, date de visite officielle du Maréchal Pétain à Castelnaudary. Il arrive en fin d'après-midi après de nombreuses autres visites des alentours de la commune (à Carcassonne ou dans la Montagne Noire entre autres). Il est acclamé comme un héros par une grande foule qui lui offre de nombreux cadeaux. Les enfants chantèrent de nombreux chants patriotiques (dont la Marseillaise, bien entendu). Et en ces termes, Jean Mistler accueillit le Maréchal :

 

« Monsieur le Maréchal, groupé autour de vous dans l'épreuve, notre pays sait qu'il n'a pas fini de souffrir, il sait que la paix est encore lointaine, mais votre présence pour nous y fait luire l'espoir »

 

Suite à sa visite, le Maréchal Pétain fit savoir au sujet de Jean Mistler que : « C'est avec des hommes comme lui que nous referons le pays ». Cependant, n'étant pas favorable à la politique de collaboration à outrance mené dès mi-1942 par Pierre Laval, nouveau chef du gouvernement de Vichy, Jean Mistler présente sa démission à la mairie de Castelnaudary, le 18 juillet 1942. Lui succède alors Pierre Abet jusqu'en janvier 1944.

 

Cependant, quelques mois plus tard, alors que les Alliés ont débarqué en Afrique du Nord, l'Allemagne riposte en envahissant la zone Sud de la France : elle va occuper Castelnaudary ainsi que tout le Midi jusqu'en 1944.




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